
Journée de solidarité : un modèle dépassé qui pèse sur les salariés !
La suppression annoncée de deux jours fériés ravive le débat sur le travail gratuit. La Fédération CFTC Santé Sociaux décrypte pour vous le mécanisme de la Journée de solidarité, devenu le symbole d’une solidarité à sens unique.
L’actualité qui fait réagir : deux jours fériés en sursis
Vous l’avez entendu comme nous : le gouvernement envisage de supprimer deux jours fériés au nom de la compétitivité et de la croissance économique. Derrière ce projet, une logique que nous connaissons bien dans nos établissements : faire appel, une fois de plus, à l’effort des salariés… sans compensation.
Un goût amer de déjà-vu, quand on se souvient de la Journée de solidarité, mise en place en 2004, censée répondre à un contexte d’urgence. Vingt ans plus tard, ce «modèle» semble vouloir s’étendre, toujours au détriment de ceux qui font tourner les services essentiels, notamment dans le sanitaire, le social et le médico-social.
La Journée de solidarité : un principe devenu habitude
La Journée de solidarité, c’est quoi ?
- Une journée de travail supplémentaire, non rémunérée pour le salarié.
- Une contribution de 0,3 % de la masse salariale versée par l’employeur à la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie).
Objectif affiché à l’époque : financer la prise en charge des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Mais derrière l’intention louable, un dispositif déséquilibré s’est imposé durablement.
En clair : l’employeur paie… mais le salarié rembourse.
Mais la journée travaillée gratuitement représente bien plus que la contribution patronale. Exemple à l’appui : Pour un salarié au SMIC (annuel), une journée de travail représente environ 0,4 % du salaire annuel brut.
Cette logique revient à considérer la Journée de solidarité comme une cotisation salariale déguisée, imposée sans véritable débat social, et appliquée à tous — y compris aux professionnels du sanitaire, du social et du médico-social, ceux-là mêmes qui font vivre la solidarité au quotidien.
La CFTC le dénonce sans détour :
«La solidarité ne peut pas reposer sur le travail gratuit des salariés, et encore moins de ceux dont la mission quotidienne est justement d’incarner la solidarité humaine.»
Ce que la Fédération CFTC Santé Sociaux défend
Nous portons un message clair et constant :
- Oui à la solidarité, quand elle repose sur un équilibre juste entre employeurs, salariés et pouvoirs publics.
- Non à la solidarité imposée, surtout quand elle devient un levier budgétaire sur le dos des travailleurs.
Nos collègues ne comptent déjà plus leurs heures, ni leur engagement. La solidarité ne doit pas devenir un synonyme de sacrifice permanent.
Pourquoi cette vigilance nous concerne tous
Dans nos secteurs, cette question prend un relief particulier. Qui mieux que les professionnels du soin, de l’accompagnement social ou médico-social, savent ce que veut dire «se rendre disponible pour l’autre» ?
Les mêmes à qui on impose aujourd’hui — et peut-être demain encore plus — de «donner» leur temps de travail sans contrepartie.
Nous refusons cette logique.
Le projet de suppression de jours fériés nous invite à redoubler de vigilance. Pour la Fédération CFTC Santé Sociaux, il est temps de remettre les pendules à l’heure :
- Tout travail mérite salaire et reconnaissance.
- La solidarité doit être partagé équitablement.
- Les salariés ne peuvent plus être la variable d’ajustement des politiques économiques.
Parce que défendre le sens du travail, c’est aussi défendre le sens de la solidarité vraie.
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