
Article 33 : ce que l’on a perdu en chemin
Avec l’avenant signé en 2023 dans la Convention collective nationale des laboratoires de prothèse dentaire, l’article 33 inscrit noir sur blanc une règle qui, en pratique, était souvent déjà appliquée : « la prime d’ancienneté ne peut pas être majorée en cas d’heures supplémentaires ou complémentaires ». Jusqu’alors, ce point restait flou, laissé à l’interprétation des établissements. En l’officialisant, on acte une vision plus rigide : « la prime est calculée uniquement sur le salaire conventionnel de la catégorie du salarié ».
C’était déjà un premier glissement. Un signal qui laissait entendre que l’ancienneté allait devenir une question de chiffre, de contrat, plutôt qu’un reflet du parcours réel.
Un an plus tard, l’avenant de 2024 a poursuivi dans cette direction, en supprimant une phrase pourtant essentielle. En 2023, le texte protégeait encore les salariés en arrêt maladie : ces périodes n’étaient pas clairement déduites du calcul de la prime. En 2024, cette mention a disparu. Désormais, la maladie peut faire baisser la prime d’ancienneté.
Ce n’est pas un détail. C’est un tournant. Et surtout, c’est un recul.
Dans nos métiers, l’ancienneté, ce n’est pas qu’un nombre d’années sur un contrat. C’est un engagement constant, souvent abîmé par la charge de travail, les troubles musculo-squelettiques, la fatigue nerveuse. En retirant cette protection, on tourne le dos à la réalité du terrain.
La Fédération CFTC Santé Sociaux regrette que l’ancienneté devienne une mécanique, déconnectée du vécu. Ce que nous défendons, c’est une reconnaissance pleine, pour tous les parcours. Y compris ceux qui passent par l’usure, les arrêts, les fragilités. Parce que rester, même quand c’est dur, c’est aussi une forme de loyauté.
Et cette loyauté mérite d’être respectée.
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