CESE

Crises sanitaires : tirer les leçons pour mieux protéger demain

Audition au Conseil économique, social et environnemental

Le 26 novembre 2025, la Fédération CFTC Santé Sociaux a été auditionnée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans le cadre de ses travaux consacrés aux « Crises sanitaires : prévenir, anticiper, coordonner ». Une audition essentielle, tant la pandémie de Covid-19 a profondément marqué les professionnels du sanitaire, du social et du médico-social, mais aussi révélé les failles structurelles de notre système de gestion de crise.

À travers cette contribution, la Fédération CFTC Santé Sociaux a porté la voix du terrain : celle de femmes et d’hommes engagés, souvent invisibilisés, qui ont tenu le pays à bout de bras, parfois au prix de leur santé, de leur équilibre et de leur confiance dans les institutions.

Une crise révélatrice de limites profondes

Dès le cadrage de son intervention, la CFTC a rappelé que la crise sanitaire n’a pas seulement été une épreuve épidémiologique. Elle a mis en lumière des insuffisances majeures en matière de prévention, d’anticipation, de planification et de communication publiques. La gestion centralisée, descendante, souvent déconnectée des réalités locales, a montré ses limites, malgré une mobilisation remarquable des professionnels et de la société civile.

Cette crise a également accentué des inégalités déjà existantes : inégalités territoriales, sociales, de genre, mais aussi des défaillances graves dans l’accompagnement des publics les plus vulnérables – personnes âgées, personnes en situation de handicap, sans-abri, migrants ou encore personnes privées de liberté.

Des professionnels engagés, mais trop souvent mis à l’écart

La Fédération CFTC Santé Sociaux a insisté sur un constat largement partagé par les salariés : durant la crise, les décisions ont été imposées sans concertation, sans espace de dialogue social, creusant un fossé entre le « travail prescrit » et le « travail réel ». Beaucoup de professionnels se sont sentis réduits à de simples exécutants, alors même qu’ils détenaient une expertise de terrain indispensable.

À cette absence de dialogue se sont ajoutées des conditions de travail particulièrement éprouvantes : pénuries d’équipements de protection, consignes changeantes, surcharge mentale, peur de contaminer ses proches. Les risques psychosociaux ont explosé, laissant des séquelles durables : burn-out, arrêts de travail prolongés, démissions et perte de sens.

Obligation vaccinale : une rupture de confiance

La question de l’obligation vaccinale a occupé une place centrale dans l’audition. Si la CFTC a toujours reconnu l’impératif de protection sanitaire, elle a dénoncé une mise en œuvre brutale, uniforme et déconnectée du vécu des professionnels. Après des mois passés à travailler sans protections suffisantes, parfois avec des moyens de fortune, beaucoup ont vécu cette obligation comme une injustice profonde.

Dans les territoires ultramarins, cette contrainte a parfois ravivé une défiance historique envers l’État central, aggravant les tensions et fragilisant encore davantage des systèmes de soins déjà sous tension.

Redonner toute sa place à l’humain et au dialogue

Face à ces constats, la Fédération CFTC Santé Sociaux a formulé des recommandations fortes. Elle plaide notamment pour un renforcement de la démocratie sanitaire et sociale, avec une participation systématique des représentants des personnels dans les cellules de crise, à tous les niveaux de décision. La CFTC appelle également à restaurer des instances dédiées à la santé au travail (CHSCT) et leurs moyens, capables d’agir en amont, et non seulement dans l’urgence.

Protéger les professionnels en situation de crise, reconnaître les pathologies liées à l’exercice, sécuriser le droit de retrait légitime, créer une réserve sanitaire territorialisée : autant de leviers concrets pour éviter que l’engagement ne se transforme, à nouveau, en sacrifice.

Valoriser les métiers du soin et du lien : une urgence sociale

Enfin, la CFTC a rappelé avec force que les métiers du soin, de l’accompagnement et de la prévention ne peuvent plus être les oubliés des politiques publiques. Revalorisation salariale, reconnaissance statutaire, harmonisation des primes, soutien psychologique pérenne : ces mesures ne sont pas accessoires, elles conditionnent l’attractivité et la pérennité de secteurs essentiels à la cohésion sociale.

Construire la résilience de demain

En conclusion de son audition, la Fédération CFTC Santé Sociaux a livré un message clair : la santé publique ne peut être durable que si elle repose sur la confiance, le respect et le dialogue social. Protéger la population ne doit jamais se faire au détriment des travailleurs. Tirer les leçons de la crise sanitaire, c’est accepter de décloisonner les gouvernances, d’écouter le terrain et de replacer l’humain au cœur des décisions.

Un cap fidèle aux valeurs de la CFTC, et plus que jamais nécessaire pour affronter les crises sanitaires de demain.